L'artiste américaine Nancy Spero (née en 1926) vit à New York depuis les années 50. Son œuvre est avant tout un puissant commentaire sur la place des femmes dans la société et sur l'oppression politique en général. Dans son projet pour point d'ironie, Nancy Spero fait appel a des images récupérées provenant de sa collection d'icônes féminines (passées et présentes) afin d'établir un lien entre archétypes et situations quotidiennes de la vie contemporaine. Des joueuses de flûte ou de lyre de l'Égypte antique y croisent des athlètes contemporaines. Certains de ces personnages semblent en déplacement, migrant de leurs supports, dansant au-delà du papier imprimé. En réactivant ainsi la mythologie, de manière non conventionelle, elle tente d'élargir notre perspective sur les rôles de la femme.
Nancy Spero en conversation avec Hans Ulrich Obrist : J'ai fait un grand nombre d'installations murales dans différentes villes. J'ai travaillé dans les espaces les plus incroyables, et plus ils étaient irréguliers, mieux c'était. Le cube blanc du musée ne m'intéresse pas. Pendant toute une période, mon travail a tourné principalement autour d'impressions sur murs faites à la main d'après un système que j'avais inventé, en utilisant un matériau souple, un polymère, comme une plaque de caoutchouc, appliqué sur les murs. C'était très "tranchant", comme une sorte de graffiti... et complètement nomade puisque tout est effacé quand les murs sont repeints à la fin de l'exposition. Il n'en reste donc rien, à part la documentation. C'est très différent du travail dans l'espace restreint d'un point d'ironie. Dans le point d'ironie, les personnages - qu'ils courent ou soient immobiles - jouent à travers l'espace ; ils ont une sorte d'identité flottante, dynamique. Les plus petits personnages sont des versions miniatures des autres, des réductions de figures provenant de mes "boites à bijoux". Ils ont un côté bijoux parce que, pour les préparer, j'utilise une technique quasi-chirurgicale. Ils vont de l'Antiquité au contemporain. Je ne fais rien de futuriste pour le moment, parce que tout est en rapport avec le présent. — Nancy Spero